1st Date: Kaori & Taichi Vous avez tous les deux reçu un message de la part de l'entreprise Dans ce message, les indications sont claires, précises : quelqu'un a été trouvé pour vous et l'on vous donnait rendez-vous le week-end suivant pour la première rencontre. Celle-ci se déroule dans les locaux d'Ishikawa Corporation, dans une salle aménagée comme un salon de thé Rococo. Petite extravagance de la maison, des perruques d’époques sont données au couple, de quoi donner un peu de piment à ce premier rendez-vous. Si vous vous aimez comme ça, vous vous aimerez quoiqu’il arrive, comme on dit ! Des boissons et de la petite restauration est à disposition des tourtereaux. (C pr vs, c kdo, ne me remerciez pas.)
RÈGLES:
I. Favorisez les messages de moins de 400 mots, on ne va pas compter au mot près, mais n'oubliez pas que ce rp ne doit pas traîner.
II. Le rendez-vous sera abrégé au bout de 2 semaines, s'il n'est pas terminé avant. Merci d'en tenir compte.
III.Si tu n'es pas en mesure de répondre dans la semaine, n'oublie pas de poster une absence valable et de prévenir ton partenaire et les administrateurs.
Voilà quelques jours maintenant que Kaori s’est remise de sa grippe. Bon… ça n’a pas été sans perdre quelques plumes et une grosse partie de son orgueil à se retrouver chez Taichi, tellement faible qu’elle ne pouvait même pas rentrer chez elle… Depuis, elle a tellement honte et elle est tellement en colère qu’elle n’est pas repassée au konbini. De toute façon, elle avait des heures de travail à rattraper alors elle a passé beaucoup de temps à la tour Ishikawa. Tout ce travail lui a permis de se changer les idées, d’oublier un peu. Cependant, quelque chose a réussi à éclipser tout ça et à la plonger dans un état étrange à mi-chemin entre la terreur extrême et l’excitation totale. La lettre. La fameuse lettre annonçant qu’enfin le robot avait trouvé quelqu’un qui lui correspondait. Et bien sûr… le nom y était. Le nom. Son nom. Celui de Taichi. Pendant un moment, elle a cru à une mauvaise blague. Et cette nouvelle l’a plongée dans un état étrange empli de questions, de terreur, éclipsant complètement l’excitation, d’émotions intenses et mystérieuses qu’elle a eu beaucoup de mal à comprendre et à gérer.
Alors elle a passé les jours qui l’ont séparée du rendez-vous à se raisonner, à se préparer et à réfléchir à la tenue idéale, et finalement elle a opté pour une robe noire, à la fois simple mais élégante, par-dessus laquelle elle a enfilé une veste noire. Une fois prête, elle a gagné la tour Ishikawa, avec une légère boule au ventre, agacée à l’idée que sur tous les hommes inscrits, ce soit lui qui lui corresponde. Elle serre ses mains puis les ouvre et les secoue, un peu nerveuse. Une fois devant la salle, elle entre et c’est avec soulagement qu’elle la trouve vide, cependant, on lui a donné une perruque avant qu’elle n’entre et elle remarque l’ambiance particulière de la pièce. Elle sourit un peu, amusée par les mises en scènes de l’équipe organisant les rendez-vous. Elle s’approche et change légèrement sa coiffure, pour pouvoir enfiler la perruque qu’elle fixe avec des pinces. Elle doit s’y prendre à plusieurs reprises pour le faire. Même si elle sent déjà la gêne et le rouge monter à ses jours à cause de cette grande timidité, elle sait qu’elle pas le choix. Elle doit le faire. Et puis les statistiques sont une valeur sure.
Tenue ♦ Akai Ito. Taichi ne connaissait pas vraiment, il n’en avait entendu parler que récemment et ça l’avait intrigué plus que de raison. Au fond de lui, il y avait cette partie de son coeur qui semblait contre tout ça, qui semblait ressentir un certain dégoût, un certain mépris néanmoins, l’autre paraissait beaucoup plus curieuse, incapable de se remémorer qu’à cause de la Ishikawa Corps, il avait perdu celle qu’il aimait. S’il avait la possibilité de récupérer ses souvenirs, probablement que plus que n’importe qui, le jeune homme aurait refusé tous les rendez-vous, préférant se ruiner plutôt que faire plaisir à cette entreprise. Mais, heureusement pour lui certainement, il ne s’en rappelait pas. Et il avait été plus que surpris en découvrant le nom dans l’email. Il ne l’avait pas reconnu de suite et avait du vérifier dans son carnet pour faire le rapprochement. Yoshida Kaori. Cette demoiselle qui ne le portait pas énormément dans son coeur et qu’il n’avait plus revu depuis l’autre jour. Le fait qu’on les ait couplé tous les deux accentuaient sa curiosité quant à la jeune femme. Cela ne pouvait pas être juste un hasard, n’est-ce pas ? Qu’avaient-ils vécu ensemble à l’époque pour que le destin les rapproche à nouveau ?
C’était étrange. Hors plutôt que perdre son temps à réfléchir, Taichi s’était dit que le mieux était d’aller à ce rendez-vous puis d’aviser ensuite. Bien qu’il faisait le fier, il ne pouvait pas dire qu’il n’était pas stressé... Il ne savait jamais réellement comment réagir avec Kaori. Au vue de ses réactions le concernant, il avait souvent peur d’agir mal et aujourd’hui ce n’était pas n’importe quoi. C’était un rendez-vous.
Après s’être préparé, il avait pris la direction de la Ishikawa Corps où, à l’intérieur, on le guida dans sa salle attitrée. Amusé, il n’avait pu s’empêcher de rire face à la perruque qu’on lui avait donné, qu’il avait enfilé. Le ridicule ne tue pas après tout. Chose qu’il n’aurait jamais fait autrefois d’ailleurs.
Le garçon entra ensuite dans la pièce, découvrant sa partenaire déjà présente et d’un signe de main, il la salua.
- Hey, Rétorqua-t-il en souriant, Tu vas mieux ?
Première étape, ne pas montrer l’embarras qu’il éprouvait et s’il devait bien avouer une chose, c’était qu’avec sa coiffe, elle était d’autant plus mignonne. C’était toujours plus rassurant de ne pas être le seul dans une telle situation.
L’informaticienne entend la porte avant de le voir. Et alors qu’elle avait réussi à les faire taire en s’intéressant plus en détail à la décoration de la pièce, toutes ses émotions la percutent à nouveau de plein fouet. D’autant plus négative qu’en se tournant vers lui, elle le voit lui faire un signe de la main – auquel elle répond par un signe de tête – et l’entend lui demander si elle va mieux. Elle se rappelle donc avec beaucoup d’agacement qu’il l’a aidée lorsqu’elle était malade. Là, tout de suite dans l’immédiat elle n’a qu’une seule envie lui faire avaler leur perruque et s’en aller. Elle est en colère parce qu’elle aurait voulu rencontrer quelqu’un et qu’elle aurait pu apprendre à aimer mais là… Non c’est trop dur pour elle. Voir Taichi ce n’est pas seulement se rappeler ce qu’il lui a fait mais tout ce qu’on a pu lui faire à cette période-là de sa vie. Et si son enfance a été dure son adolescence l’a été encore plus… Alors oui dans le fond, c’est surement une forme de déni, une façon d’éviter de penser à tout ça qui pousse Kaori à avoir envie de sortir de cette fichue pièce. Mais elle ne peut pas, elle aime beaucoup trop son boulot pour ça.
Heureusement qu’elle connait le fonctionnement de l’Akai Ito car sinon elle croirait volontiers à un complot… Malgré ça et malgré tout l’amour qu’elle porte à la logique froide et complète des statistiques, elle a vraiment du mal à croire qu’ils soient faits l’un pour l’autre… Elle réprime son soupire et finit par lui dire : « Je suis totalement remise oui… ». Oui, elle est déçue de ne pas être transportée, de ne pas ressentir le bonheur absolu. Elle va finalement chercher un verre, pour s’occuper, parce qu’elle a besoin de faire quelque chose. Elle ne sait pas à quoi se raccrocher, parce que si son amour des statistiques et des mathématiques s’étiole… c’est une grande partie de sa santé mentale qui risque de s’effriter. Alors qu’elle se raccroche d’une poigne de fer à ce « rocher », celui-ci s’éboule et l’entraîne dans les eaux vives et houleuses de la vie et de ses souvenirs. Et elle sait bien qu’elle n’aura pas la force d’y résister sans quelque chose de solide à quoi se raccrocher. Elle ferme un instant les yeux puis les rouvre, inspire discrètement pour se calmer et finalement se tourne vers lui et demande : « Et toi, comment vas-tu ? Tu veux quelque chose à boire ? ». A défaut d’être chaleureuse, Kaori fait le choix d’être cordiale. Froide mais cordiale. Elle s’occupera de cette incompréhension statistique plus tard. Elle met tout ça de côté et tâche de se concentrer sur le moment présent.
Il n’avait remarqué la décoration de la pièce qu’après être entièrement entré à l’intérieur. Le contexte était plutôt original, il aimait ça. Même s’il n’était pas autant à son aise qu’il le montrait, qu’il ignorait sincèrement comment réagir... Après tout, Taichi n’avait pas revu la jeune femme depuis ce soir-là et sans expliquer pourquoi, il s’était dit qu’elle ne voulait sûrement pas le revoir, qu’elle le fuyait. S’il lui souriait aujourd’hui, c’était plus une manière pour se protéger, pour ne pas exprimer clairement le trouble qu’il éprouvait. Il avait compris que sourire, faire des blagues ou tenter de parler de tout et de rien ne changerait rien avec elle donc d’une certaine façon, le garçon s’était résigné. Il l’avait aidé l’autrefois parce qu’il s’inquiétait cependant déjà avant cela, il avait arrêté d’être aussi entreprenant et bavard qu’avant. Il avait abandonné l’idée d’obtenir une vraie esquisse de sa part et il avait songé que ça serait pareil à l’avenir, lorsqu’elle avait franchi la porte de son appartement. Hors, jamais il n’avait imaginé qu’Akai Ito les lierait ensemble, qu’ils seraient forcés de se côtoyer, de discuter. Ca rendait les choses d’autant plus curieuses, bien qu’embarrassantes.
Il n’avait pu contenir l’esquisse douce qui s’était formée sur ses lèvres, soulagé d’apprendre qu’elle était complètement rétabli. C’était bon à entendre même s’il avait préféré ne pas relever, se contentant d’explorer la pièce autour de lui, alors que ses phalanges trituraient le haut de son pantalon, signe qu’il n’était pas aussi à l’aise que le garçon tentait de le montrer.
Son regard se posa à nouveau sur elle lorsqu’elle reprend la parole avant qu’un autre sourire ne prenne place sur sa figure.
- Ca va, ça va, Lui répondit-il alors.
Il était un peu fatigué ces derniers jours, cela devait se voir légèrement sur son visage. Il avait du mal à passer des nuits complètes, quelque chose le tracassait sans qu’il ne sache quoi, quelque chose qui l’obligeait constamment à se réveiller au beau milieu de la nuit et qui paniquait son coeur. Et à chaque fois, Taichi peinait à retrouver le sommeil après cela. Mais, il n’était pas ici pour se plaindre de sa santé, ou de son amnésie qui l’embarrassait plus que de raison.
La remerciant pour sa courtoisie ensuite, il s’était approché d’elle en disant qu’il allait se servir, se prenant un thé.
- En tout cas, c’est vraiment surprenant de se retrouver ici...
Complètement. Même s’il l’avait voulu, il n’aurait jamais pu l’imaginer.
Kaori le laisse faire. Elle le laisse explorer la pièce, elle le laisse découvrir à sa guise. Parce que pendant qu’il fait ça, il ne la regarde pas. La jeune femme est déstabilisée par son regard, ce regard qu’il pose sur elle. Bien qu’il ne semble plus aussi joyeux et avenant qu’auparavant, elle reste quand même déstabilisée. Il y a trop de gentillesse en lui, et même s’il n’était pas forcément un type foncièrement méchant plus jeune, elle se méfie quand même. Et puis… Le fait de le voir changer comme ça tend à lui donner raison. Il aurait fini par se lasser d’elle… Elle ne dit rien à ce propos. Puis, lorsqu’il répond à sa question, elle lève les yeux sur lui. Il répond qu’il va bien. Pourtant, alors qu’elle le regarde un peu plus, elle se rend compte que ce n’est peut-être pas le cas. Il a l’air fatigué. Les traits tirés, les yeux un peu creusés. Elle se contente de remarquer à haute voix : « Tu as l’air fatigué… ». Peut-être qu’il a ses raisons de ne pas lui dire. Principalement parce qu’elle est odieuse avec lui, mais il lui donne raison à changer de la sorte. Et aussi parce qu’il ne souhaite pas se reposer sur les autres, mais ça… C’est une autre histoire. Elle se tourne un peu, et s’approche finalement d’un siège. Elle pose sa boisson sur une table basse puis se laisse tomber dans un fauteuil en croisant les jambes. A ce stade, elle se fiche de paraître élégante ou raffinée.
Puis, il fait un commentaire et Kaori ne réagit pas physiquement mais elle répond : « Ah ça… ». Elle marque une courte pause avant de répondre : « C’est plutôt mystérieux comme choix, peut-être la machine fait-elle des erreurs… ». Bien sûr, Kaori a entendu parler de ces couples qui ne s’entendent pas. Elle ne sait pas bien à quoi cela peut-être dû : de réelles erreurs de la machine ? Un manque de volonté des participants ? Elle penche plutôt pour ça puisqu’en cet instant, face à cet homme qui l’a fait tant souffrir autrefois, elle ne compte pas spécialement s’impliquer dans cette relation… Mais elle ne le montre pas, par politesse et parce qu’elle ne veut pas d’ennui. Elle sait à quel point le monde du travail peut être dur… D’ailleurs, elle a entendu des rumeurs sur une employée qui se serait suicidée, elle a trouvé quelques articles mais elle n’a pas vraiment eu le temps de les lire. Mais elle a un peu peur d’aller plus loin parce que ce prénom, elle le connait. Et elle ne veut pas découvrir ce qu’elle risque de découvrir, parce que ça l’inquiète. « Tu t’es inscrit avant ou après avoir perdu la mémoire ? ». Kaori est curieuse. Elle n’est pas avenante, mais elle est curieuse et s’intéresse vraiment à la réponse, ce n’est pas juste pour faire la conversation.
Il n’avait pas l’air fatigué. Il l’était. Ce serait mentir que de déclarer le contraire alors que lui-même en avait conscience. Peut-être devrait-il songer à en parler à son médecin, elle pourrait l’aider, le conseiller puis lui donner des solutions pour ne pas trop se torturer, sans pour autant se droguer de cachets. Parce que ça, Taichi était entièrement contre bien qu’en toute honnêteté, il ne serait pas contre de dormir une nuit complète à nouveau. Son esprit lui jouait trop de tours ces derniers temps et dans le fond, c’était probablement car il réfléchissait énormément. Il avait du mal à se concentrer, à réviser et sa mémoire ne cessait de se mélanger puisqu’il ne faisait que se perdre dans ses pensées, à se poser trop de questions. Comme quoi, devenir amnésique, n’avait pas que des avantages. Hors, il ne s’imaginait pas parler de tout cela avec Kaori... Il le pourrait, cependant c’était quelque chose qui le dérangeait, qui le complexait, et certainement que dans le fond il n’avait pas envie d’étaler ses problèmes à une personne qui ne le portait pas dans son coeur. Si cette dernière devait finir par l’apprécier, il souhaitait que cela soit pour ce qu’il était et non pas car elle l’avait pris en pitié. Il n’était pas certain d’accepter ça.
« Ca va » Rétorqua donc le jeune homme en souriant « J’ai juste du mal à dormir ces temps-ci, mais ça va »
Il avait connu pire. Les journées intenses pour tout réapprendre, pour refaire fonctionner ses muscles, remarcher de plus bel parce qu’il avait été dans le coma trop longtemps... Le manque de sommeil qu’il avait aujourd’hui n’était rien comparé à ce qu’il avait du subir il y a plus de trois mois. Une autre chose que sa vis-à-vis ignorait totalement et dont il ne parlerait pas volontairement.
« Oui. Peut-être. »
Sur ses dires, Taichi avait haussé les épaules parce qu’en vérité, il ne le savait pas. Il ne connaissait rien sur Akai Ito et il ignorait s’il devait y faire confiance ou non. Ses sentiments étaient trop partagés...
Etonné de sa question, ses prunelles s’égarèrent en direction de la jeune femme avant qu’un autre éclat, plus discret, plus pensif aussi, ne vienne étirer ses lèvres.
- On m’a dit que je me suis inscrit avant, apparemment, Déclara-t-il posément, Mais forcément, je ne m’en souviens pas. Je ne sais même pas ce que j’en pensais à ce moment là. Tout est assez confus.
Comment ne pas l’être ? Le concernant, le contraire aurait été surprenant...
C’est avec un peu d’étonnement qu’elle constate qu’il lui répond en expliquant qu’il l’est – fatigué – et qu’il dort mal en ce moment. Elle le regarde un moment, songeuse. Il y a plusieurs raisons qui pourraient le pousser à ne pas réussir à dormir : stress quotidien, réminiscences du passé, des douleurs diverses en séquelles, ou encore d’autres choses qu’elle n’arrive pas à anticiper. Elle demande simplement : « Cauchemars ? Insomnies ? ». Oui, parce qu’elle en connait un rayon sur les problèmes de sommeils. Elle en a eu et elle en a encore, on ne s’en débarrasse pas comme ça, mais les siens ont bien diminués quand même. Elle le regarde simplement. En tout cas, il a l’air vraiment fatigué. Et vu qu’elle estime avoir une dette envers lui, elle peut bien l’aider un peu si elle peut lui trouver des petites stratégies pour mieux dormir, elle le fera. Mais pour ça, il faut qu’il réponde, peut-être la question sera-t-elle trop indiscrète pour lui.
Assise dans un fauteuil plutôt confortable, elle l’écoute répondre à nouveau à sa question. De toute évidence, il est toujours enclin à lui parler, c’est plutôt pas mal, c’est plutôt une bonne nouvelle n’est-ce pas ? Elle croise un peu les bras, sans attitude négative plus par habitude. Puis elle répond : « J’imagine que ça doit l’être oui… Et un peu déstabilisant surement, de se retrouver dans une vie qui n’est plus vraiment la tienne finalement… ». Elle se demande pourquoi il n’a pas essayer de négocier à sortir du robot. Vu la situation, vu les choses, il aurait peut-être pu réussir à quitter le programme du moins le temps de se retrouver un peu, de trouver peut-être une stabilité qui lui permettrait de mieux en profiter… Elle demande donc : « Et tu as choisi de rester inscrit quand même ? ». Elle ne sait pas si elle trouve ça fou ou honorable, comme toujours avec lui. Elle est un peu agacée d’avoir autant de mal à le cerner. Il a l’air tellement différent… Et en même temps… Elle retrouve quelques attitudes qu’il a qui lui font penser au Taichi qu’elle a connu au lycée. Elle se penche et attrape son verre pour boire un peu puis repose son verre.
Honnêtement, que cela soit avec Kaori ou quelqu’un d’autre, il n’avait pas envie d’étaler ses soucis. Surtout que selon lui, ce n’était pas si important, comme il l’avait déjà pensé, il avait connu pire. Ce n’était pas quelques mauvaises nuits qui allaient le perturber... Bien qu’en réalité, il était loin d’imaginer que tout ceci n’était que le début et que c’était loin d’être terminé. Parce que son accident lui avait laissé de lourdes séquelles, parce que son coeur ne pouvait pas oublier la douleur qu’il avait ressenti il y a des années en arrière et que son esprit prenait plaisir à lui jouer des tours, à continuer de le torturer inconsciemment sans que Taichi ne sache pourquoi.
« Aucun des deux » Avait-il rétorqué calmement « Je me réveille juste sans raison, mais ce n’est pas grave. C’est sûrement la période, ça passera. »
Puisque s’il y avait bien une chose qu’il s’apercevait, c’était qu’il réfléchissait trop, qu’il étudiait aussi probablement trop. Rares étaient les fois où il ne se couchait pas avec un mal de crâne, à cause de toutes ses réflexions qui encombraient son être. Il aimerait tenter de les chasser néanmoins c’était plus facile à dire qu’à faire.
Se saisissant de sa boisson, il s’installa à son tour sur l’un des fauteuils avant d’égarer son regard en direction de sa vis-à-vis. Déstabilisant, certainement que ça l’était un peu, cependant sans être en mesure de l’expliquer, il n’était pas mécontent, et était plus qu’heureux qu’on lui ait accordé une seconde chance. Le jeune homme se contenta d’hocher la tête dans un « Hum. » avant d’ajouter, sans pour autant la regarder :
« Mais ça me va comme ça. Je suis chanceux d’être en vie. Je ne veux pas perdre de temps à connaître mon passé. Je veux juste profiter. »
Du temps, il en avait assez perdu... Puis dans le fond, plus qu’il n’osait l’admettre à lui-même, il y avait cette sensation qui lui tordait le coeur, qui le braquait, et l’effrayait rien qu’en imaginant ce qu’il avait pu vivre autrefois. S’il le niait, une partie de lui se doutait que sa vie n’était pas aussi rayonnante auparavant, et c’était pour cela qu’il voulait profiter au maximum, qu’il ne voulait pas récupérer ses souvenirs. Ceux-ci paraissaient terrifiants...
- Oui, lui répondit le garçon ensuite, le sourire aux lèvres, Parce que j’étais curieux, et que ça me permet de penser à autre chose aussi.
Rencontrer du monde également, néanmoins cette remarque, il avait préféré ne pas la prononcer à haute voix. Il n’avait pas prévu qu’il serait lié à une connaissance du passé. Pas du tout.
Elle est plutôt surprise de la réponse. L’informaticienne ne s’y attendait pas spécialement. Elle penchait plutôt pour des cauchemars. Le réveil en plein milieu de la nuit, elle ne le connait pas spécialement cependant. Elle n’a donc aucune idée de ce qu’il pourrait faire pour éviter cela. Elle reste un instant songeuse, à se demander ce qui peut bien causer ces réveils impromptus et finalement se dit qu’ils pourraient être lié au stress ou à des cauchemars dont il ne se souvient pas. Elle acquiesce un peu puis dit : « Ça demande peut être un peu plus réflexions mais peut-être que c’est une question de détention au moment du coucher… ». Elle parle plutôt pour elle, une réflexion à voix haute, mais puisque ça le concerne ce n’est pas très grave. Elle secoue un peu la tête puis revient à la réalité, au moment présent qu’elle vit éveillée tout en sachant que ce n’est pas un cauchemar.
Sa réponse lui rappelle ce qu’il a déjà pu lui dire lors de leurs précédentes rencontres. Elle ressasse un peu Kaori, surement à cause de la nervosité et de l’agacement. Elle acquiesce un peu. Elle veut bien comprendre qu’il ne veuille pas savoir… Et d’une certaine façon, elle l’envie un peu. De ne plus rien savoir, de ne plus se souvenir. Mais bon, elle se connait bien et elle se doute qu’elle ne pourrait pas faire autrement que de fouiller pour se découvrir elle-même. Elle choisit de ne pas répondre parce qu’elle ne sait pas quoi rajouter. Profiter de la vie, ça elle connait et elle partage cet avis, mais elle est bien trop fière pour lui dire. Alors elle se contente d’un léger sourire, en signe de remerciement pour sa réponse. Puis il répond à son autre question. Si elle ne se contrôlait pas, la jeune femme aurait pu rire… Mais elle se contrôle et retient l’éclat de rire qui lui vient. A priori c’est raté pour se changer les idées… Elle le regarde simplement et dit : « Je comprends… ». C’est surement une façon polie de dire qu’il veut changer de sujet. Ce qu’elle comprend mais lui laisse une certaine forme de frustration. Kaori n’a jamais été la reine de la conversation, alors là, maintenant elle se sent assez démunie. D’autant plus que dans le fond, elle n’a pas spécialement envie de lui parler. Ce Taichi gentil, heureux de vivre et bienveillant la perturbe et elle n’a pas envie d’y croire. Alors elle attrape son verre et boit une nouvelle gorgée, avant de le reposer son regard sur le jeune homme qui a fini par s’installer en face d’elle.
Taichi n’avait aucune idée du pourquoi il se réveillait toujours pendant la nuit, pourquoi son coeur adoptait toujours une vive allure et qu’il avait l’impression d’angoisser sans raison valable. Peut-être que oui, c’était à cause d’un cauchemar que le jeune homme n’était pas capable de se rappeler... Il ne s’en souvenait pas et au vue des réactions que ça lui procurait, il n’avait pas envie de s’en souvenir non plus. Il en ignorait les raisons mais une chose était certaine, était qu’il n’irait pas chercher à comprendre. On pouvait le trouver complètement stupide néanmoins il n’en avait que faire puisque c’était ainsi que lui ressentait les choses. Dés que ça l’effrayait de trop près, il préférait ne pas s’y attarder dessus puis avancer. Alors, il n’avait pas répondu à la jeune femme, ne souhaitant pas débattre pendant des heures sur ses problèmes ou sa santé... A la place, il avait haussé les épaule, non pas sans accompagner son geste d’un sourire. Kaori avait aussi peut-être raison dans ce qu’elle racontait cependant lui ne désirait pas y songer. Il n’était pas ici pour parler de ça. Certes, il n’avait pas prévu d’être lié avec une connaissance du passé et son idée de rencontrer de nouvelles personnes étaient tombées à l’eau... Toutefois, d’un autre point de vue, ça rendait les choses intéressantes, plus curieuses également. Parce que plusieurs questions tournoyaient dans son esprit... Elle qui paraissait ne pas l’aimer à cause d’une raison qu’il ignorait, pourquoi était-elle celle que le robot avait choisi ? Etait-ce véridique ou bien y avait-il un disfonctionnement avec le système ?
Probablement qu’il le découvrirait tôt ou tard. L’avenir finirait sûrement par le lui dire cependant lorsqu’il observait leur relation à tous les deux, il ne pouvait s’empêcher de se demander comment cela était possible.
A sa rétorque, il lui sourit en retour sans rien ajouter. Le silence à présent était en train de dominer la pièce et ça avait le don de le mettre plus mal à l’aise qu’il ne tentait de le cacher. Il avait envie de parler, juste pour combler les blancs, cependant avec cette demoiselle étrangement, après tout ce qu’il s’était passé, Taichi n’osait pas. Il porta sa tasse à ses lèvres, finissant sa boisson chaude avant d’égarer ses prunelles dans la pièce, comme si effectuer un tel geste lui permettrait de songer à autre chose.
- Je pense que je vais sûrement y aller, Déclara-t-il dans une légère esquisse, déposant l’objet sur la table près de lui, Je ne vais pas te déranger plus longtemps.
Il aurait sûrement du être plus combatif, lui prouver l’homme bien qu’il était devenu seulement si c’était pour en finir blessé à la fin, il n’était pas sûr d’être prêt pour ça.
Ce rendez-vous, elle l’a longtemps attendu. Cette simple idée d’être couplée et liée à quelqu’un l’effrayait mais en même temps, elle avait confiance en la machine. Pour elle, les statistiques et le choix du robot étaient bien plus sûrs que les choix humains. Et dans le fond, elle le croit toujours, même maintenant alors qu’elle fait face à quelqu’un qu’elle déteste. Il y a des tas de raisons d’expliquer ce choix, et elle s’en doute, même si pour le moment elle ne les connait et ne les comprend pas. Et puis, de toute façon, elle sait qu’elle n’a pas le choix, elle le savait depuis longtemps, elle y était préparée. Alors quand Taichi reprend la parole pour dire qu’il va y aller, elle se redresse un peu et lui répond : « Reste encore un peu… ». Elle le regarde simplement, se demandant silencieusement comment elle va dire ce qu’elle veut dire sans que cela ne soit blessant ou irrespectueux… Mais quoi qu’elle envisage, elle se rend compte que cela risque d’être dur à entendre…
Elle inspire discrètement avant de reprendre la parole : « Chez toi l’autre jour, je t’ai dit que j’étais informaticienne, mais je ne t’ai pas dit où… ». Elle marque une pause avant de dire : « Je travaille ici, à l’Ishiskawa corp. J’ai accepté ce boulot parce que je pensais vraiment que cette machine était la solution à certain de mes problèmes… Et je le crois toujours. ». Elle le regarde simplement. Elle n’est pas prête pour autant à pardonner, c’est évident, mais de toute façon, elle n’a pas le choix. Il y a des choses qu’elle va devoir accepter, peu importe le temps que ça prendra, elle n’a pas réellement le choix, c’est une évidence. Il va lui falloir beaucoup de patience et beaucoup de travail sur elle-même, et cela l’effraie un peu de faire confiance à nouveau – surtout à lui – mais elle ne saura pas si elle n’essaye pas. Alors elle complète : « Donc que ça me plaise ou non, je n’ai pas tellement le choix, il va falloir que je te supporte et que j’apprenne à te connaître mieux… ». Bon ok, l’informaticienne se rend compte qu’elle n’est pas encore prête à lui dire qu’elle veut essayer, donc elle préfère se cacher derrière l’option obligation. Mais c’est un premier pas, non ?
Accueil 
Des boissons et de la petite restauration est à disposition des tourtereaux.
