Kobayashi Koichi

Histoire

« On devrait l’appeler Haruto. »

Koichi avait lancé ça sur le ton de la plaisanterie, parce qu’il trouvait que Haruto et Naruto sonnaient à peu près pareil, mais il n’avait pas vraiment eu envie de trouver autre chose sur le moment. Si on lui avait dit qu’il allait devenir père à seulement vingt ans, il ne l’aurait pas cru. Au début, il n’avait même pas envie de reconnaître ce bébé, mais il avait rapidement changé d’avis, lorsqu’il avait vu l’adorable visage de l’enfant de Rina. Il était jeune, certes, mais s’il avait un fils, ce n’était sûrement pas par hasard. Rien n’arrivait par hasard, de toute façon. Il avait un emploi chez Ishikawa Corporation, des parents qui le soutenaient… Ne pouvait-il pas s’en occuper ?

Tout était parti d’un rien, d’une relation un peu trop intime avec une amie qu’il avait promis de ne pas toucher. Ce n’était peut-être pas plus mal que Shota soit parti, au final. Quoique, s’il s’en était allé, c’était sans doute parce qu’ils ne comptaient pas plus que cela à ses yeux. Il avait plus important à faire, désormais, que s’inquiéter pour ce genre de choses. C’est du moins ce qu’il pensa jusqu’au jour où il apprit la vérité. C’était quoi, cette histoire de triangle amoureux ? Aussi doué en géométrie qu’il pouvait l’être, Koichi n’avait pas accepté tout de suite, et il avait même eu du mal à digérer cette vérité assez dérangeante… Certes, il avait fait pareil de son côté, mais il était resté, lui.

Il avait alors continué sa vie, assistant Rina dans la sienne, parce qu’il savait que rien n’était difficile comme l’éducation d’un enfant, même si les graines du doute germaient doucement dans son esprit. Et si cet enfant n’était pas le sien ? N’était-ce pas possible ? Cela n’allait rien changer à sa volonté de s’occuper d’Haruto, qu’il considérerait de toute façon comme son fils, mais il fallait qu’il en ait le cœur net. C’est pourquoi il décida de faire un test de paternité. Négatif. Il n’y avait donc pas trente-six solutions pour l’identité du père : si ce n’était pas lui, c’était assurément Shota.

Cette nouvelle fut une épine de plus dans le pied d’une amitié qui s’était déjà largement érodée avec le temps. Il avait abandonné Rina, n’avait plus pris de leurs nouvelles. Il ne devait même pas être au courant de ce qu’il s’était passé depuis son départ. Si un jour ils se retrouvaient, il lui en toucherait sûrement deux mots, et il ne risquait pas d’être des plus tendres envers lui. Quant à Haruto, malgré tout, il continuerait de faire tout son possible pour qu’il soit heureux.

Après tout, cela n’était pas si compliqué. Il avait passé sa jeunesse dans une famille aimante, il savait parfaitement comment donner la pareille à son enfant. Très proche de son père, il avait dès le début été impliqué dans le domaine de la technologie, et plus précisément dans le monde d’Ishikawa Corporation et de ses créations. C’est pour cette raison que, très jeune, il avait décidé de prendre la même route que son père et de devenir employé de cette firme lorsqu’il serait en âge. Son père l’a évidemment pistonné et, lorsque le programme Akai Ito a été lancé, il n’avait que dix-huit ans. À l’époque, il avait décidé de s’inscrire, persuadé par son père qui louait sans cesse le projet, mais sans vraiment savoir ce qu’il allait donner et si cela allait lui servir.

Lorsque, quelques années plus tard, le robot avait prouvé son efficacité, il avait décidé de changer de poste dans l’entreprise, passant de simple employé d’accueil à agent de patrouille, comme il fallait bien des personnes pour remettre en place ceux qui ne suivaient pas les recommandations de la machine.