1ST • FUJIWARA KALEB & SAKAI AKHIRA

Il se contenait. Kaleb se contenait. Il le lisait sur son visage, le sentait. S'ils ne s'étaient pas trouvés à Ishikawa Corporation, probablement l'aurait-il déjà frappé. Cela aurait été plus fort que lui. Kaleb aimait frapper et ses parents n'avaient jamais trouvé cela dérangeant alors que cela l'était. Tout ne se réglait pas par la violence. Mais, Akhira n'avait rien à y redire car il se savait aussi insupportable que Kaleb. Seulement, qu'en avait-il à faire ? Cela l'amusait qu'il soit la seule personne à le pousser autant dans ses retranchements. Il s'en vanterait presque.
Mais Kaleb était doué pour aussi le prendre au dépourvu. Au fond, il ne savait pas ce qu'il en était. Il ne savait pas s'il avait ressenti ne serait-ce quelque chose pour lui car ce soir-là, c'était bel et bien lui qui s'était avancé vers lui et qui l'avait embrassé. Pourquoi spécialement lui et pas un autre ? Et pourquoi Kaleb n'avait-il pas bronché et avait-il répondu à ses désirs ? Tant de questions qui n'auraient jamais de réponses.
Il sourit face à ses dires. Si on omettait ses propres cheveux, il apprit donc que ceux de son interlocuteur avaient fini par devenir gênants. Quel dommage...

« T'ai-je seulement aimé un jour ? », dit-il avec un sourire espiègle scotché aux lèvres.

Il repoussa gentiment de son visage.

« Ne me touche pas comme ça alors qu'il n'y a jamais rien eu... »

Mais il ne termina pas sa phrase car son erreur fut de repousser cette main qui eut tôt fait d'attraper la sienne. Il ancra son regard à celui de Kaleb et le soutint.

Kaleb a effectivement attrapé le main d'Akhira et s'il aurait pu la lui broyer pour lui faire comprendre tout ce qu'il conserve en lui, il l'aurait fait. Sauf, qu'une fois encore, il sent le regard de l'employé de cette organisation dans son dos, sans doute prêt à appeler du renfort en cas de nécessité. N'y a-t-il donc jamais eu de violence faite au cours de l'un de ces idiots rendez-vous ?

« Tu te crois plus malin que moi à ce que je vois, susurra-t-il en s'approchant doucement de son oreille. Si nous n'étions pas coincés ici, imagine donc tout ce que je t'aurais fait. »

Des menaces prononcées basses afin qu'il ne soit bien sûr le seul à les entendre. Akhira l'agace de plus en plus et il sait que s'il ne met pas un terme à cet entretien tout de suite, il finira par le défigurer sans plus se soucier de qui que ce soit. Kaleb n'a jamais été d'un naturel très patient. Il est capable de retenue, mais ses pulsions le prennent souvent au dépourvue et il aime les laisser quitter son corps dans le seul but de le soulager.
Il finit donc par lâcher Akhira, il pose une main sur son torse pour le repousser, le faire "bouger", le moins violemment possible en cet instant.

« Mardi soir prochain, 19h, à la gare de Shinjuku. »

Il sort un morceau de papier de la poche de son jean pour le faufiler entre les doigts de son interlocuteur : son numéro de téléphone.

« Tâche d'être à l'heure cette fois-ci. »

Enfin, il le salut d'un bref geste de la main, prenant le casque de sa moto qu'il a abandonné sur le comptoir du bar quelques minutes plus tôt. Il a assez perdu de temps avec ce gamin pour aujourd'hui et il sent l'appel de la salle de sport le guetter. Kaleb a clairement besoin de se défouler contre l'un de ces sacs durs.

Il le fixait et il attendait patiemment une réaction de sa part. Il pressentait que bientôt ce rendez-vous prendrait fin et ce ne serait pas plus mal. Il se dépêcherait de rentrer et de jouer quelques notes sur sa guitare pour se détendre. Il était clair que c'était perdu d'avance et qu'il n'y aurait pas de suite à ce rendez-vous. Néanmoins, aussi surprenant que cela puisse paraître, Kaleb lui donna rendez-vous la semaine suivante après sa petite tirade. Il ouvrit grand les yeux et voulut se mettre à rire sauf que Kaleb eut tôt fait de disparaître après ça.
Il fixa le bout de papier entre ses doigts et poussa un léger soupir. Croyait-il réellement qu'il viendrait à ce rendez-vous ? Il n'y avait jamais rien eu entre eux et il n'y aurait jamais rien. Il se leva et partit à son tour, mais non sans jeter le bout de papier entre ses doigts dans la poubelle près de la porte. Il faisait beau aujourd'hui alors il décida plutôt d'appeler un ami pour sortir boire un café dehors. Il espérait après coup que ses parents décideraient de l'enlever de cette machine après l'échec total de sa première rencontre.

END